Extrait Jesús VARGAS GARITA
Jesús VARGAS GARITA
Le vilain et les aveugles
traduit de l’espagnol (Costa Rica) par Françoise Garnier
ISBN 2-911686-11-X
2001
13 €
lundi 5 mai
J’ai trouvé un travail de serveur dans le restaurant où Rosetta est employée comme plongeuse ; j’ai accepté d’y travailler sans rémunération le temps d’apprendre le métier et ce qu’il faut d’italien pour me débrouiller avec les clients. En échange j’ai droit à de copieux plats de pâtes et de viande au déjeuner et au dîner et j’échappe un peu à la généreuse hospitalité de Rosetta qui toutefois assure que c’est un plaisir de loger et prendre soin du frère de la jeune fille qui a séduit son fils, Gaetano. Je suis témoin de toute la persévérance que celui-ci met pour étudier et combattre une paresse naturelle afin d’accélérer un retour tant espéré dans notre pays et le bonheur des retrouvailles avec ma sœur.
Pour l’instant l’argent m’importe peu, il m’en reste en effet assez pour me payer mes cigarettes, en attendant que commence l’été et que mes services soient plus utiles à Leonardo, qui m’a déjà prévenu qu’il ne pourra pas me payer beaucoup car il avait retenu son personnel à l’avance mais que, vu l’enthousiasme dont je faisais preuve dans mon travail, ce qu’il n’attendait pas d’un Latino-américain, il s’engageait à me garder jusqu’à l’hiver.
traduit de l’espagnol (Costa Rica) par Françoise Garnier
lunes 5 de mayo
He conseguido trabajo como salonero en el mismo restaurante donde Rosetta desempeña la lavadora aceptando servir sin remuneración mientras aprendo el menester y una buena base del italiano para entenderme con los clientes. A cambio recibo abundantes platos de pasta y de carne al almuerzo y a la cena, y me hago desentender un poco de la generosa hospitalidad de Rosetta, aunque ella insista con que es un placer alojar y atender al hermano de la muchacha que cautivó el corazón de su hijo, Gaetano. Soy testigo de lo mucho que se empeña él estudiando para superarse, y superando su pereza innata en vísperas de un codiciado retorno a nuestro país y con la esperanza de su feliz reunión con ella.
El dinero no me interesa por el momento, pues aún me resta suficiente para costearme los cigarros hasta que el verano empiece a anunciarse y mis servicios sean más útiles para Leonardo, quien ya me ha advertido que no podrá pagarme mucho porque su planilla entera había sido determinada con antelación, pero que por el entusiasmo que yo demostraba en el trabajo, en contraste con su imagen de un latinoamericano, se comprometía a asumirme hasta el invierno.