Extrait Nedim GÜRSEL
Nedim GÜRSEL
Hôtel du désir
traduit du turc par Timour Muhidine
ISBN 2-903945-70-5
1995
11 €
Le fait que je sois descendu dans cet hôtel d’un quartier du nord de la capitale doit répondre à d’autres buts, avoir des raisons plus profondes que le simple désir de changer de lieu. La rive droite de la Seine m’a toujours paru être – comme pour beaucoup de résidents de la rive gauche – un monde lointain, presque une autre ville. Mon lieu de travail, les cafés où j’aime aller, les cinémas et – le plus important – les bibliothèques universitaires sont toutes au sud. Et depuis mon arrivée à Paris j’ai toujours habité le quatorzième arrondissement, de longues années rue Jean Dollent puis boulevard Jourdan et, avant de m’installer dans cet hôtel, rue de la Glacière. Si l’on est amené à changer de pays, on s’habitue plus difficilement aux habitants du pays où l’on établit son foyer qu’au quartier où l’on s’installe. Peu à peu, l’intérêt dont on n’a pas fait preuve envers le concierge, les voisins, le médecin ou l’artisan du quartier, commence à se porter sur les rues, les tables de café et même les pierres du trottoir. Car les résidents du quartier changent en permanence. La vieille dame que vous rencontrez chaque matin dans l’escalier, meurt brusquement. L’étudiant étranger qui habite le studio d’en face disparaît après avoir passé ses examens. L’épicier finit par déménager. La femme du bureau de tabac, même si vous la connaissez, est tellement occupée qu’elle vous dit à peine bonjour. De même pour le facteur. Les jeunes couples, quand ils commencent à avoir des enfants, sont obligés de partir en banlieue pour trouver un appartement plus grand. Or les escaliers raides que la vieille dame monte avec mille difficultés, la porte en bois ornée d’une poignée en cuivre du studio d’en face, les baies vitrées et les tables du café, la rue elle-même et les immeubles qui s’y alignent, sont à leur place depuis des années.
traduit du turc par Timour Muhidine
Kentin kuzey mahallelerinden birindeki bu otele yerleşmemin çevre değiştirme isteğinin dışında başka amaçları, çok daha derin nedenleri olmalı. Seine ırmğının sağ yakası sol yakada oturanların bir çoğu gibi bana da uzak bir dünya, bir başka kent olarak görünmüştür. İş yerim, sıkça uğradığım kahveler, sinemalar, en önemlisi de tüm üniversite kitaplıkları hep güneyde, yani sol yakadadırlar. Ben de Paris’e geldiğimden bu yana uzun yıllar Jean Dolent Sokağında, sonra Jourdan Bulvarında, bu otele taşınmadan önce de Glacière Sokağında, yani kentin hep ondördüncü mahallesinde oturdum. İnsan, hele ülke değiştirmişse, yeni yurt edindiği ülkenin yurttaşlarına oturduğu mahalleden daha güç alışıyor. Giderek kapıcıya, komşularına, mahalle doktoru ve esnafına göstermediği ilgiyi sokaklara, kahvelerdeki masalara, hatta kaldırım taşlarına göstermeye başlıyor. Mahalle sakinleri sürekli değişiyor çünkü. Her sabah merdivende rastladığınız yaşlı kadın günün birinde ölüveriyor. Karşi stüdyoda oturan yabancı öğrenci sınavlardan sonra yitiyor ortalıktan. Bakkal mutlaka bir başka semte taşınıyor.