Extrait revue meet n°08

Pékin / Istanbul

XIA YU

Éloge des choses

Écrire sur un corps avec un crayon
un corps jeune
porteur de toutes sortes d’aspirations dans l’existence
peu à peu flétries
le crayon, n’est pas un mauvais crayon

athé et cependant une vie antérieure
dégoût de ce monde, et cependant
laisser libre cours à ses passions
cette heure est si tranquille
en buvant du thé aux amandes d’abricot
qui l’eut cru
il reste un peu de joie.

Traduit du chinois par Camille Loivier.

YACHAR KEMAL

Les Passagers de troisième classe

Je pris le train à Sarkîòla. Quelle équipée ! Ne m’en parlez pas, je n’en dirai pas plus.
La troisième classe... Des gens entassés comme des sardines... Une vache n’y retrouverait pas son veau. Des enfants, des femmes, des vieillards... Le couloir du train est plein à craquer. Et une odeur règne là ! Une odeur de pieds, de fumée de cigarettes, un fumet de transpiration... On a étendu des couvertures dans le couloir et disposé des sacoches... qui d’ailleurs ont une fonction : des oreillers. Même dans les toilettes, ils se sont installés.

Traduit du turc par Timour Muhidine.

Üçüncü mevki yolcuları

Trene Şarkışladan bindim. Bir biniş ki... Ne siz sorun, ne ben söyleyeyim...
Üçüncü mevki... İnsanlar sırt sırta... İğne atsan yere düşmez. Çocuklar, kadınlar ihtiyarlar... Vagonun koridoru da hıncahınç dolu. İçeride bir koku ! Ayak kokusu, sigara dumanı, ter kokusu... Koridora yorgan sermişler, heybeleri koymuşlar... Heybeler iş görüyor : Yastık. Hatta yüznumaraların içine girip oturmuşlar.