Pour Rulfo

Pour Rulfo
ISBN : 978-2-911686-79-5
2013
20 €

Sommaire

Ouverture des Rencontres
Patrick Deville

Samedi 28 mai 2011

1 - Rulfo et la littérature mexicaine
Dialogue entre Philippe Ollé-Laprune et Pascal Jourdana

2 - La langue de Rulfo
Gabriel Iaculli et Fabienne Bradu

3 - Les textes de Rulfo, structure et édition
Gustavo Guerrero, Suzana Emilce Zanetti et Giovanna Pollarolo

Dimanche 29 mai 2011

4 - Une œuvre en devenir
Margo Glantz

5 - La mort, le silence et les ombres
Florence Olivier, Pierre Senges et Carlos A. Aguilera

6 - La voix de Rulfo : écoutes, ressemblances et reflets
Graciela Goldchluk et Ramiro Noriega

Textes pour Rulfo

Pedro Páramo ou la plainte du mort
Horacio Castellanos Moya

Rulfo, les chiens et la céramique de Talavera
Mario Bellatin

Extrait

Rulfo, les chiens et la céramique de Talavera

Mario Bellatin

Texte traduit de l’espagnol (Mexique) par Françoise Garnier

Cet appel timide de l’écriture se manifeste d’ordinaire au moment où l’on se met au lit, affirmait un étrange Juan Rulfo. Un Rulfo bien différent de l’image que l’on a de sa personne, qui le présente souvent comme un homme silencieux, bourru, un amateur d’étonnants livres scandinaves, qui mettait au centre des conversations des débats sur des textes que personne n’avait lus. Un Juan Rulfo qui, plus qu’écrivain, était un remarquable photographe. Cette facette de fabricant d’images photographiques est un aspect qui n’a intéressé qu’un très petit nombre de personnes. À l’époque où Juan Rulfo a pris ses photographies, quiconque se consacrait à ce métier devait forcément être un remarquable professionnel. Il lui fallait mesurer les distances et les variations de lumière avec un mélange de technique et d’intuition que seul celui qui passait des heures et des heures à s’exercer à un tel art pouvait atteindre. Une autre facette de sa biographie qu’on a préféré garder secrète est son intérêt immodéré pour les chiens. Pour des animaux qu’il a toujours – pour diverses raisons – été empêché de posséder. Quand il était enfant et adolescent et vivait avec ses parents, ceux-ci lui ont dit plus d’une fois qu’ils étaient dans l’impossibilité d’avoir et de nourrir un animal, et quand il a fondé sa propre famille, c’est sa femme qui, elle, a été allergique à tout type d’animaux.

Rulfo, los perros y la cerámica Talavera

Mario Bellatin

El murmullo de querer escribir suele aparecer apenas uno se acuesta a dormir, afirmaba un extraño Juan Rulfo. Un Rulfo ajeno a la imagen que se suele tener sobre su persona, donde se acostumbra presentar a un hombre callado, hosco, quien cultivaba la lectura de curiosos libros escandinavos, quien buscaba como tema de conversación el debate de textos que nadie había leído. Un Juan Rulfo que más que escritor era un eximio
fotógrafo. Esta faceta de hacedor de imágenes fotográficas es un aspecto en el que muy pocas personas han reparado. En la época en la que Juan Rulfo tomó sus fotografías, quien se dedicara a un oficio semejante debía por fuerza ser un eximio profesional. Estaba obligado a medir las distancias y las variaciones de luz con una mezcla de técnica e intuición que sólo
alguien que pasaba largas horas seguidas estudiando un arte semejante era capaz de conseguir. Otra de las facetas que se ha preferido mantener oculta de su biografía es su interés desmedido por los perros. Por unos animales que siempre – por distintas razones – estuvo impedido de poseer. Cuando era niño y adolescente en casa de sus padres le dijeron más de una vez que estaban imposibilitados para mantener una mascota, y cuando formó su propio hogar su mujer era alérgica a cualquier tipo de mascota.