Extrait Harry LAUS

Harry LAUS
La première balle
traduit du portugais (Brésil) par Claire Cayron
ISBN 2-903945-48-6
1989
7 €

Florianópolis – São Paulo, première étape. À l’hôtel où j’allais séjourner avant de poursuivre mon voyage, le souvenir d’un ami me revint nettement en mémoire : dans ce même endroit il avait logé une fois. Le remords se mit à m’accompagner.

Le portier lisait le journal et me répondit à peine, en me tendant la fiche à remplir. Puis, le garçon demanda mes bagages.

— Seulement ce sac.
Il m’accompagna jusqu’à la chambre, ouvrit les rideaux clairs, et le bruit des voitures sur l’asphalte de la rue entra comme un contrepoint à mes souvenirs.

— Fermez ça, s’il vous plaît.

— Pardon, monsieur, ce sont les ordres.
Il ouvrit puis ferma la télévision et l’air conditionné, alluma puis éteignit toutes les lumières pour me montrer les interrupteurs.
Distraitement, je pris un billet dans ma poche et le tendis au garçon. À sa joie, je compris que c’était trop, mais il n’était plus temps de revenir en arrière.

— En cas de besoin, il suffit de sonner. Je m’appelle Alfredo.
Il avait les joues creuses et des yeux noirs, brillants – un chien qui attend un ordre.

— C’est bon, Alfredo. Pour commencer, apportez-moi une bouteille de whisky et beaucoup de glace. Dans une demi-heure. D’ici-là je vais prendre un bain et me mettre à l’aise.

traduit du portugais (Brésil) par Claire Cayron

Florianópolis – São Paulo, primeira etapa. No hotel onde ficaria antes de seguir viagem, a figura de um amigo apareceu-me nítida na lembrança : nesse mesmo lugar ele esteve hospedado uma vez. O remorso passou a acompanhar-me.
O porteiro estava lendo um jornal e mal me respondeu, passando-me a ficha de hóspede para eu prencher. Depois, o rapaz da portaria perguntou pela bagagem.

— Só esta sacola.
Acompanhou-me ao quarto, abriu as cortinas claras, e o barulho dos carros no asfalto da rua entrou como contraponto às minhas recordações.

— Feche isto, por favor.

— Desculpe, senhor, são normas da casa.
Ligou e desligou a televisão e o ar condicionado, acendeu e apagou todas as luzes para mostrar-me os interruptores.
Distraído, puxei uma nota do bolso e a estendi ao rapaz. Por sua alegria, percebi que havia exagerado, mas era tarde para recuar.

— Qualquer coisa é só me chamar, senhor. Meu nome é Alfredo.
Tinha as faces encovadas e os olhos negros, brilhantes, – um cão à espera de nova ordem.

— Está bem, Alfredo. Para começar, traga-me uma garrafa de whisky e bastante gelo. Dentro de meia hora. Enquanto isto, vou tomar banho e pôr-me à vontade.