Extrait Mark HENSHAW
Mark HENSHAW
Dernières pensées d’un mort
traduit de l’anglais (Australie) par Pierre Alien
ISBN 2-903945-36-X
1990
9 €
28 mai
Déjà la fin du mois. La chaleur, dans cette ville, est presque intenable. Je me demande si je vais pouvoir la supporter longtemps. Dans le métro, c’est pire. Bien pire. Dehors ? Dehors, la lumière est aveuglante. On se sent cloué au sol. Mais au moins on a une chance. Dans le métro, la chaleur est accablante, épaisse, omniprésente.
Et la puanteur – presque corrosive. Je n’ai jamais rien connu de pareil.
Avant-hier – ambiance nettement différente. Suis allé Gare du Nord prendre des billets. Au retour, à Chatelet, une scène affreuse – trois gendarmes debout près du corps immobile d’un jeune homme. Je suis assez près pour voir un filet de sang couler de sa bouche. La station est bondée. La tension est presque palpable. On attend longtemps. L’atmosphère est étouffante. Je décide de rentrer à pied.
traduit de l’anglais (Australie) par Pierre Alien
May 28
The end of the month already. The heat of the city is almost unbearable. I wonder how much more of this I can stand. In the Metro, it’s worse. Much worse. Outside ? Outside, the light is blinding. It seems to pin you down. But at least you have a chance. In the Metro, the heat is oppressive, thick, inescapable.
And the stench - almost corrosive. I have never experienced anything like this.
The day before yesterday - a noticeable change in mood. Went to Gare du Nord to pick up tickets. On the way back, at Chatelet, an ugly scene - three gendarmes standing over the motionless body of a youth. I am close enough to see blood trickling from his mouth. The station is packed. You can feel the tension. There is a long delay. The air is stifling. I decide to walk home.