Extrait Michael DONHAUSER

Michael DONHAUSER
Dix sept diptyques en prose
traduit du l’allemand (Autriche) par Laurent Cassagnau
ISBN 2-911686-17-9
2002
9 €

À l’heure du déjeuner j’avais vu des peintures d’Henri Rousseau, le douanier comme on l’appelait : il y avait là un tableau représentant un paysan sur le chemin du retour, le long d’un mur, si bien que je me demandai d’où il pouvait venir - je m’étais ensuite, dans la pièce où je me reposais, abandonné au sommeil, ç’avait été un doux abandon, avait été d’une petite pension la chambre onze dont la fenêtre donnait par-dessus les toits vers les maisons à colombage de la ville : le soir, j’allai dans une auberge où l’on me désigna une table à laquelle étaient déjà installés des clients, deux et une à un ange pareille, avec qui je mangeai, qui ensuite m’accompagna, à un concert - c’était la Messe en mi mineur d’Anton Bruckner et malgré le carême on chantait le Gloria, remarqua ma compagne.

Après le concert je demandai à celle à un ange pareille si je pouvais lui offrir un verre de vin, et nous bûmes ensuite du schnaps, un verre après l’autre, si bien qu’elle tituba légèrement, une fois revenus dans la rue, et que je lui offris mon bras - je la raccompagnai chez elle, et nous nous enlaçâmes, deux fois, au moment de prendre congé, si bien que riche ensuite fut le retour vers la ville, dans la nuit : le lendemain, j’allai voir la tombe de Friedrich Hölderlin dont la pierre tombale se trouvait sous un frêne - PUISSE LA TEMPETE SACREE / ABATTRE LES MURS DE MA GEÔLE / QUE SUPERBE ET LIBRE MON ESPRIT S’ENVOLE / POUR UNE TERRE INEXPLOREE : pus-je lire et crus ensuite voir celle à un ange pareille par-dessus le mur du cimetière - mais lorsque je me mis à la suivre, elle avait pour ainsi dire disparu

traduit du l’allemand (Autriche) par Laurent Cassagnau

Über den Mittag hatte ich Gemälde von Henri Rousseau, dem Zöllner, wie er genannt wurde, gesehen : da war das Bild eines Bauern auf dem Heimweg, einer Mauer entlang, dass ich mich fragte, woher dieser wohl kam - ich war dann im Zimmer, wo ich ausruhte, gesunken in Schlaf, und es war ein sanftes Sinken, war das Zimmer elf einer kleinen Pension gewesen, dessen Fenster über Dächer hin zu den Fachwerkhäusern der Stadt sah : abends ging ich in ein Wirtshaus und wurde an einen Tisch gewiesen, an welchem schon Gäste sassen, zwei und eine Engelgleiche, mit der ich dann ass, die mich dann begleitete, in ein Konzert - es war die Messe in e-Moll von Anton Bruckner und es wurde trotz der Fastenzeit das Gloria gesungen, bemerkte meine Begleiterin

Nach dem Konzert fragte ich die Engelgleiche, ob ich sie für ein Glas Wein einladen dürfe, und wir tranken dann Schnaps, einen um den anderen, dass sie später leicht schwankte, wieder auf der Strasse, und ich ihr den Arm bot - ich begleitete sie nach Hause, und wir umschlangen uns, zweimal, zum Abschied, dass reich dann der nächtliche Weg war zurück in die Stadt : anderntags besuchte ich das Grab von Friedrich Hölderlin, dessen Stein unter einer Esche stand - IM HEILIGSTEN DER STÜRME FALLE, ZUSAMMEN MEINE KERKERWAND. UND HERRLICHER UND FREIER WALLE, MEIN GEIST INS UNBEKANNTE LAND : las ich und glaubte dann, die Engelgleiche über die Friedhofsmauer hin zu sehen - doch wie ich ihr folgte, war sie gleichsam entschwunden